Pierre Meynard (témoignage de Gilles)

Merci à Gilles de nous conter l'histoire de votre grand-père

Pierre Meynard est né à NANTHEUIL, situé près  de THIVIERS en Dordogne, le 3 mars 1881. Ses parents étaient cultivateurs, ils ont trimé pour éduquer Pierre. A six ans, Pierre est allé à l’école primaire de Thiviers où il est resté jusqu’au certificat d’études qu’il a passé avec succès à onze ans. Très jeune, vers sa huitième année, Pierre aidait son père dans la ferme, le matin avant de partir à pied, pour l’école, et le soir après l’étude. Et pendant les grandes vacances, Pierre devait travailler dur pour aider les siens, tant aux champs, avec son père, qu’à la maison avec sa mère.

La famille de Pierre, père de notre grand-père Pierre Meynard, a compté une fratrie de trois enfants : deux garçons et une fille – laquelle fille eut une fin tragique puisqu’elle mourut ébouillantée dans une papeterie à la Coquille.

 Nantheuil

C’est donc en août 1892 qu’il est entré comme apprenti chez le charron de Nantheuil. Pierre était gaucher, ce qui ne l’empêchait pas d’être adroit, et avec intelligence, il a très vite appris les gestes pour ferrer les chevaux, et il a commencé à apprendre le métier de charron : le bois et le fer.

A l’age de quinze ans ayant acquis les rudiments du métier, il décide de suivre les cours du soir de dessin. Ces cours  sont dispensés à Thiviers par d’anciens cadres d’entreprise dans des locaux prêtés par la Mairie.

Pierre Meynard va faire son mini « tour de France » pour acquérir toutes les ficelles de son métier, il a de l’ambition, il apprend les tours de main avec des artisans. C’est à cette époque qu’il se fait tatouer une roue sur le bras qu’il gardera à vie.

Thiviers

C’est à Thiviers qu’il rencontre Mathilde en 1899, il se mariera avec elle quelques années plus tard. Pierre a son métier bien en main, c’est un ouvrier hautement qualifié. Il a pris une chambre à Thiviers et installe sa femme, Mathilde Catherine Gigaudon qu’il épouse après mil neuf cents. Naissent de cette union : René en 1903 et Marie-Thérèse en 1907. Mathilde meurt en 1913 d’une maladie pulmonaire.

Pierre a de l’ambition, il apprend que les chemins de fer d’Orléans recrutent des ouvriers qualifiés. Il tente le concours, il est admissible. Auparavant, il avait quitté Thiviers pour aller à Périgueux où Marie, Thérèse était née.

En 1914, Pierre est employé aux chemins de fer d’Orléans ( à la gare des Aubrais) où il occupe un poste de visiteur. Il loue une maison dans le Faubourg Bannier. Pour arrondir ses fins de mois, Pierre cultive des légumes : asperges, haricots verts, petits pois qu’il vend à des voisins.

Pierre est mobilisé comme cheminot à l’entrée de la Grande guerre, étant veuf, et père de deux enfants, il ne partira pas sur les champs de bataille.

Pierre est muté quelque temps à Pruniers en Sologne près de Romorantin. C’est la guerre, à Pruniers il y a une petite gare où sont en garnison des soldats Chinois qui sont mobilisés pour charger des trains de marchandises et Pierre est chargé de contrôler le matériel ferroviaire qui part sur le front.

C’est à Orléans, que Pierre rencontre Gabrielle Charpentier, qui est lingère, il l’épouse le 27 février 1915, lui a 34 ans, elle a un an de moins (née le 23/1/1882 à Poitiers). De cette union naissent Odette le 23/8/1917 à Orléans – Pierre le 5/4/1920 à Saran banlieue d’Orléans et Thérèse, Yvette le 3/8/1922 à Vierzon-Villages.

Gare de Vierzon

Pierre Meynard est muté par les chemins de fer d’Orléans à Vierzon en 1922 où il occupe un poste de chef visiteur.La famille loge dans un pavillon en bois au Champanet. Pierre achète deux maisons route de Neuvy – il fait des travaux d’embellissement. Sa Famille occupe l’une des maisons où un « Casino » existe. Gabrielle devient gérante du Casino, Marie-Thérèse l’aide pour tenir cette épicerie.

En 1925, Marie-Thérèse épouse Jean Albizzati, Chef de chantier qui construit un pont à Vierzon. Pierre Meynard reconnaît les qualités de son gendre auquel il confie la construction d’un ensemble de maisons rue Charles Hurvoy à Vierzon. Un commerce est également aménagé : épicerie et bar. Ces maisons sont louées et abondent les revenus de Pierre.

Dinan

Pierre est muté à la gare de Denfert-Rochereau à Paris. Pour les vacances, tous les cinq partent pour Dinan où résident deux sœurs de Gabrielle. Une des deux sœurs est Nini qui est mariée avec Charpentier, ils tiennent un magasin de pêche et chasse dans l’Avenue de la gare. L’autre sœur est mariée à Godard qui tient un garage à Dinan également. Cette région plait bien à Pierre, la mer est toute proche, et Gabrielle est près de ses sœurs.

Pierre et Gabrielle décident d’acheter une maison à Dinan. Ils trouvent une vieille maison dans le vieux Dinan : rue du Petit Fort. Pierre fait exécuter les réparations nécessaires pour la rendre habitable.

Nous sommes à la veille de la guerre, la famille s’installe à Dinan. Pierre n’est pas encore à la retraite. Il continue de travailler à la gare de Denfert-Rochereau et revient deux fois par mois environ dans sa famille. C’est en 1941 qu’il est à la retraite.

Pierre est encore en pleine forme, il cultive son jardin de la rue du Petit-Fort, mais il trouve que c’est pas assez, compte tenu des restrictions. Il loue deux autres jardins dans le quartier. Pour aller dans les jardins et revenir avec les légumes, il faut emprunter des rues très dures à monter mais ça ne l’empêche pas d’utiliser une brouette.

En 1942, les restrictions sont très dures, et sur son vélo, il fait le tour des fermes de la région. Mais Pierre est trop stylé, il va dans les fermes, habillé comme un gars de la Ville, en costume noir trois pièces avec sa montre en or et la chaîne bien en évidence. Les fermiers ne lui vendent ni de beurre ni d’œufs car ils ont peur que Pierre soit un contrôleur du marché «noir». Il revient à la maison fourbu mais sans ravitaillement.

Pierre ne supporte pas que sa famille pâtisse de ces restrictions, il décide d’acheter une ferme, et avec Gabrielle, ils s’occupent des bêtes pour mettre du beurre dans les épinards. Quand il a le temps, Pierre aime bien pêcher. Il achète une maison à Saint-Lunaire où Ils vont avec Gabrielle, et des petits enfants, une partie du mois de Juillet et Août.

La guerre est finie, Pierre a 64 ans, comme ancien cheminot, il a droit à des voyages gratuits, il va voir ses enfants René qui est à Esy en région parisienne, et Marie-Thérèse qui est à Vierzon – quelquefois seul – quelquefois avec sa femme. Leurs enfants sont mariés : Odette avec René Blandel, Pierrot avec Raymonde et Thérèse, Yvette avec Henri en 1947.

Bien qu’il n’ait pas son permis de conduire, Pierre achète une voiture Renault, qu’il léguera bientôt sans l’avoir jamais conduite.

Pierre a maintenant plus de 70 ans, il réunit ses cinq enfants. Il veut partager son héritage. Avec l’aval de ses enfants, il donne à chacun d’eux, une partie de ses biens. Puis, un accident survient, une attaque, un AVC qui le rend à moitié paralysé. Une nouvelle attaque le rendra très dépendant. La famille d’Henri et Yvette occupe le deuxième étage de la rue du Petit-Fort, ils accueillent Pierre et Gabrielle. Au rez-de-chaussée et premier étage habite la famille d’Odette et René.

Pierre décède le 12 août 1956. Gabrielle décédera 15 ans plus tard, à l’age de 89 ans. Fait troublant, victime d’un AVC le 22 février, une de ses sœurs en avait été victime le 21 février. Elles seront enterrées le même jour. Pierre et Gabrielle sont enterrés à Dinan où Pierre avait pris sa retraite.